Sunday, May 25, 2008

La décentralisation des services gouvernementaux


Réponse à l’éditorial : « Fredericton, Ottawa et les autres » paru dans l’Acadie NOUVELLE du jeudi 12 juillet 2007.

La décentralisation des services gouvernementaux

Le programme de décentralisation du gouvernement fédéral des années 1970 connu certainement plus de succès en terme de développement régional que le ministère de l’Expansion économique régional (MEER) dans toute ses années d’opérations. Bref, « MEER, malgré ses efforts, n’a jamais réussi à attirer autant d’emplois dans des collectivités telles que Matane, Shédiac, Bathurst et même Charlottetown » (Savoie, 1993). Néanmoins, ce programme fut « à toutes fins pratiques abandonné, soudainement, au début des années 1980 » (ibid.) et encore de nos jours, la décentralisation au sein du gouvernement fédéral, tel que souligné par le ministre des Travaux publics et Services gouvernementaux Canada, Michael Fortier, « [n’est pas] dans les cartes » (L’Acadie NOUVELLE, 2007).

Mais pourquoi ne pas décentraliser davantage d’opérations si cela comporte tellement d’avantages? Il demeure que « les ministères et les organismes dont la fonction principale est de coordonner des politiques et des programmes à l’échelle nationale, ainsi que les services chargés d’assurer la conformité aux politiques gouvernementales » (Savoie, 1986) se prêtent mal à la décentralisation. Mais les services gouvernementaux qui sont « relativement autonomes au sein des ministères organiques traditionnels » (ibid.)… pourquoi ne pas décentraliser leurs unités administratives en région? Si ce n’est que pour la simple raison de réduire les coûts d’opérations de la fonction publique? En fait, cela n’est pas si simple au Canada.

Je m’explique. Le véritable problème réside dans le fait qu’il n’existe pas de « différentiel salarial entre les régions pour une même catégorie d’emploi au sein de la fonction publique [du Canada] » (Service d’information et de recherche parlementaires, 2006). Au Canada, « à égalité de rang, un fonctionnaire gagne le même salaire et bénéficie des mêmes avantages sociaux, qu’il travaille à Ottawa ou Shédiac » (ibid.). Puisque le salaire et avantages sociaux comptent pour la majeur partie des coûts nets des activités de fonctionnement dans la fonction publique du Canada, le principal motif de la décentralisation des emplois fédéraux vers les régions (dont notamment la réduction des coûts d’opérations) n’a tout simplement pas autant d’ampleur.*

On peut également soulever la question de la justice sociale lorsqu’un fonctionnaire à Ottawa - à égalité de rang - gagne le même salaire qu’un fonctionnaire à Bathurst mais que le premier doit dépenser une plus grande part de son revenu sur les biens de « survie » (ex. logement, nourriture, assurance, etc.). Bref, le revenu discrétionnaire d’un fonctionnaire fédéral - la différence entre le revenu disponible et les dépenses des ménages allouées aux « nécessités » - (Statistique Canada, 1991) est grandement influencé par les facteurs géo-économiques et non basé uniquement sur le mérite. Ceci dit, un fonctionnaire travaillant à Shédiac – à égalité de rang – devrait être rémunéré à X% du salaire de son homologue vivant à Ottawa afin d’assurer un même niveau de qualité de vie (le pouvoir d’achat demeurant constant).

Alors pourquoi ne pas simplement ajuster les salaires des fonctionnaires en fonction du coût de la vie de la région afin de rétablir la justice sociale et d’inciter le gouvernement fédéral à décentraliser davantage d’emplois en région?

Bref, l’ajustement pourrait être calculé à partir de l’indice de prix à la consommation (IPC) qui sert « d’indicateur général de l'évolution du coût de la vie au Canada »** (Banque du Canada, 2000) et les salaires de la région de la capitale nationale (RCN) pourrait servir de région de référence (indice, RCN = 100). Par conséquent, selon l’IPC des régions métropolitaines tirés de Statistiques Canada (2001), un salaire annuel de 100 000 $ à Ottawa (RCN) serait alors équivalent à 92 280 $ pour St. John’s, Terre-Neuve-et-Labrador ou 95 960 $ pour Thunder Bay, Ontario.

Les ministères fédéraux pourraient ensuite estimer leurs coûts nets des activités de fonctionnement selon l’emplacement de leurs bureaux dans diverses régions du Canada et calculer la valeur actuelle nette (VAN) d’une décentralisation de « X » emplois dans une communauté ciblée. Les régions cibles seraient normalement celles ayant un coût de la vie relativement bas, un taux de chômage élevé, une forte dépendance sur l’industrie du tourisme et une main-d’œuvre bilingue. Somme toute, la fonction publique du Canada pourrait ainsi épargner des millions de dollars en salaire à ses fonctionnaires tout en contribuant à l’épanouissement de nos régions.

Hélas, le réflexe des fonctionnaires en régions et de leurs syndicats serait d’opposer une telle réforme alors qu’Ottawa persistera à centraliser les nouveaux emplois de la fonction publique dans la région de la capitale nationale (RCN). Effectivement, la présence fédérale dans la RCN se mesure à 31,1% de la part des emplois fédéraux – Montréal arrive au second rang avec seulement 7% des emplois fédéraux (Service d’information et de recherche parlementaires, 2006).

Si seulement les salaires des fonctionnaires fédéraux étaient ajustés en fonction du coût de la vie, les régions n’auraient peut-être plus à se battre avec les élus fédéraux afin de les convaincre de décentraliser davantage d’emplois. Au contraire, le gouvernement devrait à son tour tenter de convaincre le public que la majorité de ses emplois fédéraux doivent nécessairement être situés près du parlement à Ottawa.

http://www.capacadie.com/AcadieNouvelle/2007/8/11/La_decentralisation_376.cfm

*Il suffit d’observer l’effet d’un « différentiel salarial spatial » auprès des employés d’État sur les politiques de décentralisation des pays tels que la France, le Royaume-Uni ou l’Italie.
**Il est à noter que l'indice des prix à la consommation n'est pas véritablement un indice du coût de la vie, bien que l'on ait tendance à l'appeler ainsi.

Sunday, May 18, 2008

QWERTY vs. ABCDEF


Try typing the acronym QWERTY, go on, try it. See how fast and easy that was! In fact it’s not really an acronym but simply the top left letters on your standard keyboard. But other than allowing you to type QWERTY quickly, it doesn’t really hold any comparative advantage with any other layout. In fact, a popular myth claims that it was only invented to slow typists down when using old typewriters (the letters were originally laid out in ABCDEF but were later mixed-up to help avoid the “typebars” from jamming together - while typing -- Ironically, MS Word doesn’t even recognize the word typebar).

So why are we still using the QWERTY keyboard layout in the 21st century if it was simply a temporary solution to a now obsolete problem?

In fact, a more rational and ergonomically sound layout called Dvorak was patented in the 1930s but never caught on. So let’s assume that people (along with the computer industry) are not willing to change their habits of using and producing the “standard” keyboard layout. I mean, who would? Nobody would advocate for this change after fighting for years and years with our brains to learn how to type 30 words per minute without looking down (even if we know deep down that the change would be beneficial to future generations).

So here’s a potential solution to the problem. First, we have to assume that learning to type with an ABCDEF keyboard would have been much easier and far more efficient than learning to type with a QWERTY layout (due in part to our familiarity from a young age with the standard ABC alphabet sequence). If we can believe this, it should be no leap of faith to believe that introducing the QWE alphabet into our primary school systems from an early age would actually increase the speed by which we can learn to type. Imagine if we never taught toddlers the standard ABC we grew up learning (think of the resistance from people when the metric system was introduced, now compare it with your resistance to this idea) and instead, taught them the song “Q-W-E-R-T-Y-U… etc., now I know my Q-W-E’s, next time won’t you sing with me!?”

In reality, they would never know the difference! We only “think” A-B-C is the only logical sequence because it is the only one we learned (with some variations stemming from the adaptation of the Greek alphabet in other languages). But the fact remains; if only Q-W-E had been introduced to you from an early age, and sung to the tune of A-B-C, you would never have known the difference and would now be able to type faster than your predecessors using your current computer keyboard!

Alas, setting up a two-group experimental design research project to test such a hypothesis would never meet today’s ethical committee standards (one group of children would have to be completely disconnected from normal society, only being exposed to the Q-W-E alphabet until they reach full typing maturity and finally compared with a control group on the basis of typing speed).

But what if we simply posted the Q-W-E alphabet on the walls of classrooms and computer labs in primary schools around select cities across the country, or taught some children the Q-W-E in kindergarten, and finally measured the average typing speed of these school children as they reached adulthood (controlling for different socio-economic factors, of course), the results might just be surprising.

Or better yet, try teaching an old dog a new trick. Close your eyes and try reciting the letter sequence on your keyboard. How far did you get? Isn’t amazing that we have engrained in our brain the now utterly useless A-B-C alphabet but are virtually incapable of remembering the most important letter sequence of the 21st century? Don’t fret, there is still time to learn, just keep practicing until you get it right.

Q-W-E-R-T-Y-U-I-O-P
A-S-D-F-G-H-J-K-L
Z-X-C-V-B-N-M

So the next time (if ever) you cross a pupil singing Q-W-E to the tune of A-B-C, don’t laugh at them, they are merely singing the only alphabet your grandchildren will ever know.

Wednesday, May 14, 2008

Coffee & Cigarettes; Money & Power


This is an article I originally wrote (in French) for Le Front (l'hebdomadaire étudiant du Centre universitaire de Moncton, NB) in March 2005.

It came at a time when my fascination for the human brain collided with some introductory concepts from economics and political science courses. The premise around the article is that Money & Power have very similar neurological effects as the most addictive and dangerous drugs available on the black market. Long story short, it calls for a universal salary or wealth cap to remedy the injustices witnessed around the world as a result of our natural addiction to money and power. Very young and idealist policy, I'll admit. But there might still be some applicable truth hidden behind this innocence.


Café et Cigarettes; Pouvoir et Argent

Si des études en neuropsychologie parvenaient un jour à faire preuve d’évidence que le pouvoir et l’argent agissent au niveau des mêmes bases neurochimiques que la cocaïne, seriez vous réellement surpris d’en apprendre les résultats?

La cocaïne suscite, au niveau neuronal, la libération et l’inhibition de la recapture de la dopamine dans la synapse, permettant ainsi un prolongement de l’effet de ce neurotransmetteur, épuisant le « stock » du neurone émetteur et créant inévitablement un sentiment de superpuissance et de « high » euphorique, suivi d’un « down » incontournable chez l’individu.

Alors, pourquoi cette drogue, qui semblait comporter des effets bénéfiques dans le traitement de la dépression au début du 20e siècle, est-elle, de nos jours, devenu une substance illicites des plus redoutable?

En premier lieu, puisque cette drogue, et la plupart des autres drogues illégales ont des effets dévastateurs sur la santé et le bien être de l’individu, un corps social ne pourrait jamais fonctionner à son plein potentiel en souffrant du mal causé par de ses propres membres vivant sous de telles conditions.

En second lieu, la drogue mène à une forte dépendance chez ses utilisateurs, d’une part, car le neurone émetteur ne peut plus fournir suffisamment de son neurotransmetteur de manière naturelle afin de permettre un fonctionnement souhaitable, et d’autre part, parce que l’on recherche toujours l’état ressenti lors de la première expérience.

Il est clair et établit que tous organismes, animal ou humain, soient chimiquement et physiologiquement vulnérables à la dépendance. Par conséquent, nous avons pris la décision collective qu’il serait préférable de rendre ces drogues illégales afin de ne pas se soumettre (soi-même et autrui) à la tentation et ainsi de placer ces substances hors de notre portée.

Gardant cette explication en tête, l’origine (ou la manifestation) d’une grande majorité des injustices sociales réside dans l’écart entre les riches et les pauvres, ou entre les puissants et les dominés. Au Canada, en 2001, où le salaire annuel moyen était d’environ 37 000$, le 20% des « hommes » les plus riches (et puissants) du pays récoltaient 43% des revenus tandis que le 20% des plus pauvres ne recevait que 5% des revenus nationaux (National Council of Welfare Reports, 2001). Nous sommes toutefois chanceux puisque le coefficient de Gini d’un pays (mesure du degré d’inégalité de la distribution des revenus dans une société donnée) s’empire, règle générale, à mesure que l’on s’approche de l’intersection entre l’équateur et le méridien de Greenwich.

Néanmoins, le lien entre les motivations d’aller en guerre, la corruption ou tout abus de pouvoir et la dépendance chimique à une drogue est marquant et évident. La fin (ex. s’enrichir ou obtenir son « fix » de cocaïne, etc.) justifie alors les moyens (ex. écraser sa compétition, partir en guerre ou voler le sac à main d’une personne âgée, etc.).

Peu importe la bonne volonté, les intentions positives ou le niveau d’éducation d’un individu, lorsqu’un être humain détient trop de pouvoir ou d’argent comparativement à ses concitoyens, il ou elle va inévitablement faire tout dans son pouvoir afin de maintenir et renforcer son statut, afin de combler ses besoins créés et de rééquilibrer les influx nerveux de son cerveau. Il ne faut pas blâmer l’individu mais plutôt la nature humaine et le système politico-social. Le besoin de domination est un processus évolutif qui assure la progéniture, mais l’application du darwinisme social n’est plus moralement acceptable pour l’être humain après un certain point.

« Tout pouvoir corrompt, et le pouvoir absolu, corrompt absolument. » – Lord Acton

Quelle serait donc une solution afin d’atteindre la paix universelle et enfin d’aboutir à une véritable harmonie sociale dont la grande majorité recherche tant? Un cap salarial mondial? Une vraie démocratie par Internet? Qui sait, mais la solution ne viendra probablement pas de ceux qui ont le pouvoir et l’argent de la mettre en œuvre.

Université de Moncton, Le Front (Mars, 2005)

Tuesday, May 13, 2008

The Idea Behind "Burning Ideas"


On April 2nd, 2008, I lost everything in a fire... wait, let me rephrase that: I lost all my "personal belongings" except my laptop in a fire (I lived on the top floor of the building shown in the picture - luckily, no one was seriously injured).

In the aftermath of such an event, one often reflects on the concept of property and draws some obvious conclusions.

1) Most of the stuff we drag and keep in our homes is just STUFF, nothing more;
2) The "things" we miss the most (once they're gone) are possessions which represent an experience or a relationship (i.e. pictures, videos, music, letters, collections, etc.);
3) Losing (or gaining) everything does not decrease (or increase) who we are as individuals.

That being said, 1) most of the "stuff" I owned, I can buy back with the insurance money, 2) most of my recently taken pictures were digital and securely uploaded on Facebook, videos on YouTube, music on MySpace, letters are in the form of emails now, and collections are not really of my generation, 3) I feel alive, and that's what matters.

Of course, starting over your life from scratch is a pain (as it can be a blessing). But of all the things I regret losing the most; I especially regret losing my "shoebox" full of ideas. This is figuratively speaking, of course, but this shoebox - which people used to keep under their bed - represents the tangible (but non-digital) results of creativity that I kept locked up in my apartment. That is to say, paper-based ideas: the late night writings, the songs written on a whim, the scribble notes from particularly interesting classes, or the drawings which take a life of their own but who are simply stored in a box under a bed, waiting to burn up in flames without ever having seen the light of day.

Consequently, this blog will serve as a "digital shoebox", principally for my own archival purposes. But instead of catching an idea and keeping it to myself, like I used to, I will catch and release it like a fish, letting it swim free in this digital ocean for anyone to enjoy. Cheers!